Assurer la sécurité de nos pompiers

Les pompiers sont prêts à tout pour protéger la communauté qu’ils servent, mais il est indispensable qu’ils prennent également les mesures nécessaires pour assurer leur propre sécurité.

Lu en quelques minutes
Par Par Kath Lockett
Mots clés : Sécurité
Publié le
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#safety
A row of firefighters' helmets, coats, and boots in suspendered pants hang at the ready at a fire station in Oak Harbor.

« Les pompiers sont des héros ». Nous entendons régulièrement cette affirmation, de la bouche des enfants comme de jeunes à la recherche d’une carrière enrichissante, mais aussi dans les médias. C’est probablement quelque chose que vous avez dit ou pensé vous-même à un moment ou un autre. Ces hommes et ces femmes courageux risquent chaque jour leur vie pour protéger leur communauté. Pourtant, fait pour le moins surprenant, la principale source de danger dans ce métier ne résulte pas du feu lui-même, mais des vêtements de protection utilisés quotidiennement par les pompiers. Selon le Firefighter Cancer Support Network, ces derniers sont en effet bien plus susceptibles de développer un cancer du fait de leur exposition à des substances cancérigènes.

Les pompiers entrent en effet en contact avec des produits chimiques par voie respiratoire ou cutanée, ou par ingestion. Et si leurs équipements de protection individuelle (EPI) ne sont pas nettoyés de manière adéquate après chaque intervention, les toxines nocives présentes sur ces équipements peuvent contaminer les véhicules ainsi que la caserne de pompiers, et en fin de compte les personnes qui les portent. David Matthews, Directeur, Fire and Industrial PPE Limited, affirme que les produits chimiques cancérigènes qui se fixent sur les équipements de protection individuelle des pompiers sont de plus en plus reconnus comme la plus grande menace pour la santé et la sécurité des pompiers. « Les fumées et les particules dégagées lors d’un incendie multiplient les risques de développer un cancer pour ces travailleurs et nous en sommes de plus en plus conscients », explique-t-il.

« Lorsque les pompiers ramènent leur équipement chez eux, ces particules peuvent se répandre dans leur voiture, les transports publics, leur domicile, et leurs proches comme leurs enfants sont également susceptibles d’être exposés à ces substances. Autrefois, c’était une « preuve de courage » pour un pompier que de porter un EPI maculé, et ce dernier était rarement nettoyé de façon adéquate, voire pas du tout nettoyé. » Au cours de ses années de service en tant que pompier, il se souvient que les uniformes étaient nettoyés au jet d’eau à la caserne et suspendus à des crochets pour les faire sécher, mais il est soulagé de constater que le nettoyage en bonne et due forme des EPI est désormais pris au sérieux.

En suivant des consignes strictes pour la décontamination des tenues d’intervention, nous pouvons réduire considérablement le degré d’exposition des pompiers dans l’exercice de leurs fonctions. La nouvelle norme ISO 23616 fournit des lignes directrices pour la sélection, l’entretien et la maintenance appropriés des tenues de protection des pompiers, qui couvrent le nettoyage, l’élimination efficace des contaminants et la réparation de leurs EPI.

Les pompiers sont bien plus susceptibles de développer un cancer du fait de leur exposition à des substances cancérigènes.

Les effets positifs de la COVID 

Paradoxalement, la pandémie de COVID-19 a permis de sensibiliser à l’importance des EPI dans de nombreux environnements. M. Matthews partage cet avis : « Avant la COVID, personne ne savait ce que le sigle EPI recouvrait et même les pompiers avaient besoin d’être mieux informés sur les spécificités du nettoyage de ces tenues. L’accent est mis sur la responsabilité personnelle. Il faut éviter de retourner à la caserne avec un EPI sale et donc se déshabiller sur le site d’intervention, placer les vêtements dans des sacs de protection spécialement prévus à cet effet et laver et entretenir ces équipements correctement, loin du site. »

Les EPI ne couvrent pas seulement les protections de la tête, les écrans faciaux, les gants et les bottes, mais aussi les vêtements portés par les pompiers. On imagine aisément un pompier ramener ses vêtements à la maison et les laver à la machine avec un détergent ordinaire. Cependant, avec différents types de machines à laver, de cycles de nettoyage à haute ou basse température et de détergents disponibles sur le marché, la durabilité et la sécurité des EPI peuvent être grandement compromises et ces équipements sont susceptibles de contaminer d’autres vêtements lavés en même temps. 

Ne faites pas ça chez vous 

Cette nouvelle norme ISO couvre également la réparation des EPI. Ce qui peut sembler être une simple opération de remise en état, comme recoudre une bande réfléchissante en partie décousue sur votre équipement de protection à la maison, pourrait sérieusement compromettre la sûreté du vêtement. Non seulement la couture pourrait perforer le tissu, ce qui le rendrait dangereux, mais le fil utilisé risque d’être inflammable. En résumé, aucun EPI ne devrait être ramené à la maison, mais plutôt entretenu par des professionnels au sein de la caserne. « De retour à la caserne après un incendie, la question du nettoyage est souvent négligée et n’est pas traitée correctement. Même les réparateurs et les nettoyeurs ont besoin d’une formation et d’une certification pour s’assurer que tous les EPI sont conformes aux normes », précise M. Matthews.

Comme l’explique Russell Shephard, Président du groupe d’experts chargé de l’élaboration de la norme, les EPI couvrent tous les équipements utilisés par les pompiers, de la tête aux pieds. « Bien qu’elles soient toutes essentielles, les différentes pièces ont chacune leurs propres spécificités et requièrent toutes un nettoyage et un entretien appropriés. » Une étude australienne de 2020 a montré que des contaminants cancérigènes étaient présents sur les chaises de bureau et les tapis des casernes de pompiers. Des échantillons d’air, de poussière et de surfaces ont révélé que l’exposition des pompiers aux métaux cancérigènes était largement supérieure à celle des employés de bureau. En particulier, la concentration d’un produit chimique ignifuge tel que le PBDE-99 s’est avérée 70 fois plus élevée chez les pompiers que chez les employés de bureau. D’autres études font état de pompiers tombés malades après avoir utilisé des EPI qui n’étaient pas correctement nettoyés ou entretenus.

En ce qui concerne l’entretien des EPI, les pompiers volontaires représentent un défi supplémentaire. En Allemagne, les volontaires constituent la majeure partie du corps des pompiers, soit plus d’un million sur un total de 1,25 million. L’Australie compte elle aussi sur les volontaires dans une proportion similaire. ISO 23616 fournit un cadre pour sensibiliser et former ces volontaires, ainsi que le personnel d’encadrement, afin de s’assurer que leurs EPI sont toujours propres, sûrs et correctement entretenus. S’il incombe toujours à chaque pompier de procéder à une inspection régulière de son EPI, grâce à cette norme, il existera bientôt un système fiable incluant une formation pour garantir que cela puisse être effectivement réalisé, tant pour les pompiers professionnels que volontaires.

En ce qui concerne l’entretien des EPI, les pompiers volontaires représentent un défi supplémentaire.

Female firefighter putting on helmet.

Bénéfice coût-risque 

Les réalités financières d’un service d’incendie ont également été prises en compte dans l’élaboration d’ISO 23616. Bien que le recours à un prestataire de services indépendant puisse s’avérer prohibitif, en particulier pour les petites casernes de pompiers ou les services qui ont besoin d’un nettoyage fréquent des vêtements du fait du nombre d’appels signalant des incendies, il est indispensable que tout pompier commence chaque mission avec un EPI propre et sûr.

Le bénéfice coût/risque a joué un rôle déterminant dans l’élaboration de cette norme. Que le service de blanchisserie soit géré en interne ou externalisée, la mise en place d’équipements et de processus adéquats permet d’avoir l’esprit tranquille. « Je préférerais qu’ils portent des équipements propres tous les jours de la semaine et qu’ils les remplacent une fois que la durée de vie et les limites de vieillissement acceptables données par le fabricant de l’EPI ont été atteintes », souligne M. Shepherd. « Il ne s’agit pas d’un « simple EPI », mais d’un équipement qui vous sauvera la vie. » Les services d’urgence et de lutte contre les incendies ainsi que les fabricants d’EPI doivent pouvoir s’appuyer sur des instructions et des lignes directrices claires sur la manière de gérer les coûts et de limiter au maximum les risques.

De la tête aux pieds 

IISO 23616 fournit également des instructions et des recommandations concernant le nettoyage, l’inspection et les réparations plus avancées. « Nous avons tendance à nous concentrer sur les casques, les appareils respiratoires et les gilets, mais pas sur les bottes », explique M. Matthews. « Il est possible de les nettoyer à la main en toute sécurité, mais il existe également des machines spécialement conçues pour cette tâche. Il en va de même pour les gants, également difficiles à nettoyer correctement. De nombreuses casernes particulièrement actives utilisent déjà ces machines ou envoient leurs EPI à des services de nettoyage qualifiés en dehors de la caserne. En suivant les lignes directrices simples d’ISO 23616, toutes les parties prenantes des services d’urgence et de lutte contre les incendies réduiront leur exposition aux EPI contaminés. »

Jusqu’à tout récemment, seuls les grands services urbains de lutte contre les incendies disposaient de programmes structurés de nettoyage et d’entretien, mais, grâce à cette nouvelle norme, on s’attend à ce que de nombreux services d’incendie dans le monde, en particulier ceux qui comptent sur des pompiers volontaires, mettent en place des programmes modernes de nettoyage et d’entretien.

En tant qu’ancien pompier et responsable du Syndicat pour la santé et la sécurité des pompiers au Royaume-Uni, M. Matthews estime qu’il est essentiel de répondre aux préoccupations relatives à la sûreté des EPI et à leur maintenance. « Nous bénéficions d’un large soutien », ajoute-t-il. « De nombreux pays ne disposent pas d’un système de nettoyage des EPI établi, mais reconnaissent que la sécurité de leurs pompiers est primordiale. ISO 23616 est la norme la plus adaptée et la plus efficace pour établir des processus et des lignes directrices en ce qui concerne l’aversion pour le risque, la sensibilisation au risque et la prévention des risques. Il nous faut gagner le combat contre les contaminants pour sauver davantage de vies. »

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