Face aux changements climatiques, sur quoi repose la confiance ?

Les normes ISO sont essentielles pour instaurer la confiance, démonter les progrès réalisés en faveur du climat et promouvoir la responsabilité. 

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Martin Baxter
Directeur général adjoint, Institute of Environmental Management and Assessment (IEMA), et Président de l’ISO/TC 207/SC 1, Systèmes de management environnemental

La COP28 est le seul moyen et la meilleure façon d’aboutir à une solution mondiale face à la crise climatique. Dans un monde où les problèmes auxquels nous sommes confrontés prennent des proportions mondiales, il est indispensable de trouver des solutions mondiale – ensemble. C’est en soi un défi, car nous ne parviendrons tout simplement pas à lutter contre les changements climatiques si nous ne sommes pas prêts à remettre en cause le statu quo.  

Pour être à la hauteur d’un tel défi, il nous faudra repenser les fondements mêmes de notre monde moderne : de l’économie mondiale aux chaînes d’approvisionnement mondiales qui la sous-tendent ; de nos habitudes au quotidien aux politiques nationales qui les rendent possibles ; chacune et chacun d’entre nous doit faire preuve d’un grand optimisme pour bâtir un avenir plus durable. 

Des changements aussi lourds de conséquences dans un monde toujours plus incertain reposent avant tout sur une chose : la confiance. Sans elle, tout pari sur l’avenir semble voué à l’échec. La confiance est la clé pour traduire nos ambitions dans les faits. Elle implique notamment que les organisations soient tenues de rendre compte des objectifs qu’elles se fixent et de leurs déclarations, pour donner aux consommateurs comme aux investisseurs l’assurance tangible que des mesures concrètes sont prises. Parvenir à instaurer la confiance peut s’avérer un processus complexe, mais les Normes internationales sont un excellent point de départ. 

Jeter des ponts pour combler les écarts 

L’action climatique suscite un intérêt manifeste. L’engouement pour des manifestations telles que la COP est sans précédent et le climat domine régulièrement l’agenda mondial. Si de nombreux pays se sont dotés de politiques, de lois ou de réglementations pour appuyer leurs ambitions et leurs objectifs, la question de leur crédibilité demeure problématique. 

En effet, pour que l’action climatique soit efficace, on ne peut se limiter à fixer des objectifs. La question de la performance et de la capacité à atteindre ces objectifs importe tout autant. Or, c’est précisément sur ce point que les écarts se creusent. La plupart des gouvernements et des entreprises ont en effet toutes les peines à saisir ce que l’atteinte de leurs objectifs implique concrètement. 

Je sais par expérience que le manque de ressources financières et matérielles, mais aussi de courage au niveau du leadership en est souvent la cause. La transition vers des pratiques et des technologies « zéro émission nette » exige d’importants investissements, et nombre d’organisations ne disposent pas des ressources nécessaires ou ne peuvent pas compter sur l’adhésion requise sur le plan politique pour que leur investissement ait un réel impact. Par ailleurs, assurer la durabilité de notre monde est avant tout une démarche qui consiste à gérer la transition, et nous avons tendance, collectivement, à sous-estimer l’importance de la collaboration à cet égard. Ne nous y trompons pas : le capital humain fait partie intégrante de la solution. Les organisations se doivent donc d’investir dans les compétences nécessaires pour passer le cap d’une période charnière. 

Plus important encore, nous devons reconnaître qu’une organisation, une région ou un État n’y parviendra seul. La collaboration entre différents secteurs, domaines d’activité et zones géographiques est essentielle pour renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement et la durabilité des modèles économiques. Pour cela, nous devons parler le même langage. L’équivalent d’une tonne de CO2 doit être le même en Afrique et en Chine, et pour communiquer de manière efficace, nous devons avoir une terminologie, des mesures et des objectifs communs. C’est précisément sur ce point que les Normes internationales ont un rôle à jouer. Et parce qu’elles jettent les bases d’une architecture internationale fondée sur la qualité, les normes permettent à l’ensemble des acteurs de discuter, de partager et de s’accorder sur des solutions en toute confiance. 

La confiance est la clé de voûte 

Bien que cela ne semble pas toujours aller de soi, la confiance est fondamentale pour amorcer un changement transformationnel. Comme j’ai pu le constater personnellement, les gens ne sont généralement pas conscients de l’importance des normes, de l’accréditation et de l’évaluation de la conformité pour protéger les personnes et la vie humaine. Prenez par exemple notre approvisionnement en eau. Les laboratoires et les installations de traitement font l’objet d’une évaluation de la conformité accréditée selon les Normes internationales, ce qui contribue à assurer un approvisionnement en eau sûr. Il en va de même pour les dispositifs médicaux et les produits de santé, pour lesquels les normes sont essentielles.  

Cet écosystème de normes bâti sur la confiance est parfois mal compris dans la sphère de l’action climatique. Gage de crédibilité et d’assurance, il agit dans les coulisses, tel un filet invisible. Or, traditionnellement, le gage d’assurance que confèrent l’accréditation et l’évaluation de la conformité dans le domaine de l’action climatique avait une portée trop limitée. Axé presque exclusivement sur la publication d’informations par les entreprises, celui-ci doit désormais viser également les investisseurs, les consommateurs et d’autres parties prenantes afin d’instaurer la confiance dans toutes les dimensions de l’action climatique.  

Prenez par exemple les normes relatives à la vérification des technologies environnementales (ISO 14034) et à l’étiquetage environnemental (famille ISO 14020). Elles s’avèrent particulièrement efficaces pour rassurer le grand public s’agissant des produits et services de la vie quotidienne. La finalité des normes ISO est de changer les choses en profondeur et de manière audacieuse pour les personnes, la planète et la prospérité. Dans cette optique, la question du climat est centrale. 

Tout commence à la COP 

Véritable rassemblement mondial de leaders du secteur privé et du secteur public, la COP28 peut s’avérer le point de départ de changements crédibles et significatifs. Les Normes internationales offrent une base aux pays du monde entier en établissant une référence mondiale pour accélérer l’action climatique et rendre nos initiatives mondiales possibles.  

Cette année, j’espère voir les principes fondateurs de l’ISO appliqués et le pouvoir de la collaboration, de la responsabilité et de la confiance mobilisé pour relever le plus grand défi de notre époque. 

 

À propos de Martin Baxter 

Martin Baxter est le Directeur général adjoint de l’IEMA, le plus important réseau professionnel de spécialistes de la durabilité au monde. Il travaille au Royaume-Uni et dans le monde entier pour soutenir la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, efficace dans l’utilisation des ressources et durable. Fort de son expérience, il a joué un rôle clé dans l’élaboration de politiques et de normes environnementales. Martin Baxter est reconnu pour son leadership dans la promotion des pratiques durables partout dans le monde, favorisant la collaboration entre les entreprises, les gouvernements et le monde universitaire. Son engagement en faveur de changements environnementaux positifs a renforcé sa réputation de leader d’opinion et d’influence dans le domaine de la durabilité. 

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